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FONTANARÈS.

Eh bien ! don Ramon a fait le prodige, don Ramon pourra le recommencer (on entend un grand bruit) ; le prodige n’existe plus. Une telle puissance n’est pas sans danger ; et le danger, que don Ramon ne soupçonnait pas, s’est déclaré pendant qu’il recueillait les récompenses. (Cris au dehors. Tout le monde retourne au balcon voir la mer.) Je suis vengé !

DON FRÉGOSE.

Que dira le roi ?

LE GRAND INQUISITEUR.

La France est en feu, les Pays-Bas sont en pleine révolte, Calvin a remué l’Europe, le roi a trop d’affaires sur les bras pour s’occuper d’un vaisseau. Cette invention et la réforme, c’est trop à la fois. Nous échappons encore pour quelque temps à la voracité des peuples.

(Tous sortent.)

Scène VI.

QUINOLA, FONTANARÈS, FAUSTINE.
FAUSTINE.

Alfonse, je vous ai fait bien du mal !

FONTANARÈS.

Marie est morte, Madame : je ne sais plus ce que veulent dire les mots mal et bien.

QUINOLA.

Le voilà un homme.

FAUSTINE.

Pardonnez-moi, je me dévoue à votre nouvel avenir.

FONTANARÈS.

Pardon ! ce mot est aussi effacé de mon cœur. Il y a des situations où le cœur se brise ou se bronze. J’avais naguère vingt-cinq ans ; aujourd’hui, vous m’en avez donné cinquante. Vous m’avez fait perdre un monde, vous m’en devez un autre…

QUINOLA.

Oh ! si nous tournons à la politique.

FAUSTINE.

Mon amour, Alfonso, ne vaut-il pas un monde ?

FONTANARÈS.

Oui, car tu es un magnifique instrument et de destruction et