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QUINOLA, à part.

Monipodio n’est plus là. (Haut.) Un raccommodement, Monsieur, est bien facile avec une femme qui s’y prête aussi facilement que madame Brancador.

FONTANARÈS.

Quinola !

QUINOLA.

Monsieur, vous me désespérez ! Voulez-vous combattre la perfidie d’un amour habile avec la loyauté d’un amour aveugle ? J’ai besoin du crédit de madame Brancador pour me débarrasser de Monipodio, dont les intentions me chagrinent. Cela fait, je vous réponds du succès, et vous épouserez alors votre Marie.

FONTANARÈS.

Et par quels moyens ?

QUINOLA.

Eh ! Monsieur, en montant sur les épaules d’un homme qui voit comme vous, très-loin, on voit plus loin encore. Vous êtes inventeur, moi je suis inventif. Vous m’avez sauvé de… vous savez ! Moi, je vous sauverai des griffes de l’envie et des serres de la cupidité. À chacun son état. Voici de l’or, venez vous habiller, soyez beau, soyez fier, vous êtes à la veille du triomphe. Mais, là, soyez gracieux pour madame Brancador.

FONTANARÈS.

Au moins, Quinola, dis-moi comment ?

QUINOLA.

Non, Monsieur, si vous saviez mon secret, tout serait perdu, vous avez trop de talent pour ne pas avoir la simplicité d’un enfant.

(Ils sortent.)
Le théâtre change et représente les salons de madame Brancador.

Scène VII.

FAUSTINE, seule.

Voici donc venue l’heure à laquelle ont tendu tous mes efforts depuis quatorze mois. Dans quelques moments, Fontanarès verra Marie à jamais perdue pour lui. Avaloros, Sarpi et moi, nous avons endormi le génie et amené l’homme à la veille de son expérience, les mains vides. Oh ! le voilà bien à moi comme je le voulais. Mais revient-on du mépris à l’amour ? Non, jamais. Ah ! il