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vait promis la protection de ses gens à Barcelonne, et je n’y ai trouvé que la haine ! Ô grands de la terre, riches, vous tous qui tenez en vos mains un pouvoir quelconque, pourquoi donc en faites-vous un obstacle à la pensée nouvelle ? Est-ce donc une loi divine qui vous ordonne de bafouer, de honnir ce que vous devez plus tard adorer ? Plat, humble et flatteur, j’eusse réussi ! Vous avez persécuté dans ma personne ce qu’il a de plus noble en l’homme ! la conscience qu’il a de sa force, la majesté du travail, l’inspiration céleste qui lui met la main à l’œuvre, et… l’amour, cette foi humaine, qui rallume le courage quand il va s’éteindre sous la bise de la raillerie. Ah ! si vous faites mal le bien, en revanche, vous faites toujours très-bien le mal ! Je m’arrête… vous ne valez pas ma colère.

FAUSTINE, à part, après avoir fait un pas.

Oh ! j’allais lui dire que je l’adore.

DON FRÉGOSE.

Sarpi, faites avancer des alguasils, et emparez-vous du complice de Quinola.

(On applaudit, et quelques voix crient : Bravo.)

Scène III.

Les mêmes, MARIE LOTHUNDIAZ.
Au moment où les alguasils s’emparent de Fontanarès, Marie parait en novice, accompagnée d’un moine et de deux sœurs.
MARIE LOTHUNDIAZ, au vice-roi.

Monseigneur, je viens d’apprendre comment, en voulant préserver Fontanarès de la rage de ses ennemis, je l’ai perdu : mais on m’a permis de rendre hommage à la vérité : j’ai remis moi-même à Quinola mes pierreries et mes épargnes. (Mouvement chez Lothundiaz.) Elles m’appartenaient, mon père, et Dieu veuille que vous n’ayez pas un jour à déplorer votre aveuglement.

QUINOLA, se débarrassant de son manteau.

Ouf, je respire à l’aise !

FONTANARÈS. Il plie le genou devant Marie.

Merci, brillant et pur amour par qui je me rattache au ciel pour y puiser l’espérance et la foi ; vous venez de sauver mon honneur.

MARIE.

N’est-il pas le mien ? la gloire viendra.