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FONTANARÈS.

Un charlatan, Monseigneur ? Dans quelques jours, vous pouvez me faire trancher la tête ; tuez-moi, mais ne me calomniez pas : vous êtes placé trop haut pour descendre si bas.

DON FRÉGOSE.

Votre audace égale votre malheur. Oubliez-vous que les magistrats de Barcelone vous regardent comme complice du vol fait à Lothundiaz ? La fuite de votre valet prouve le crime, et vous ne devez d’être libre qu’aux prières de Madame. (Il montre Faustine.)

FONTANARÈS.

Mon valet, Excellence, a pu, jadis, commettre des fautes, mais depuis qu’il s’est attaché à ma fortune, il a purifié sa vie au feu de mes épreuves. Par mon honneur, il est innocent. Les pierreries saisies au moment où il les vendait à Mathieu Magis, lui furent librement données par Marie Lothundiaz, de qui je les ai refusées.

FAUSTINE.

Quelle fierté dans le malheur ! rien ne saurait donc le faire fléchir.

SARPI.

Et comment expliquez-vous la résurrection de votre grand-père, ce faux intendant de l’arsenal de Venise ? car, par malheur, Madame et moi nous connaissons le véritable.

FONTANARÈS.

J’ai fait prendre ce déguisement à mon valet pour qu’il causât sciences et mathématiques avec don Ramon. Le seigneur Lothundiaz vous dira que le savant de la Catalogne et Quinola se sont parfaitement entendus.

MONIPODIO, à Quinola.

Il est perdu !

DON RAMON.

J’en appelle… à ma plume.

FAUSTINE.

Ne vous courroucez pas, don Ramon, il est si naturel que les gens, en se sentant tomber dans un abîme, y entraînent tout avec eux !

LOTHUNDIAZ.

Quel détestable caractère !

FONTANARÈS.

Avant de mourir, on doit la vérité, Madame, à ceux qui nous ont poussé dans l’abîme ! (À don Frégose.) Monseigneur, le roi m’a-