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FONTANARÈS. (Il s’avance.)

J’ai tranquillement supporté le supplice de voir vendre à vil prix une œuvre qui devait me mériter un triomphe… (Murmures chez le peuple.) Mais ceci passe la mesure. Don Ramon, si vous aviez, je ne dis pas connu, mais soupçonné l’usage de toutes ces pièces maintenant dispersées, vous les auriez achetées au prix de toute votre fortune.

DON RAMON.

Jeune homme, je respecte votre malheur ; mais vous savez bien que votre appareil ne pouvait pas encore marcher, et que mon expérience vous était devenue nécessaire.

FONTANARÈS.

Ce que la misère a de plus terrible entre toutes ces horreurs, c’est d’autoriser la calomnie et le triomphe des sots.

LOTHUNDIAZ.

N’as-tu donc pas honte dans ta position de venir insulter un savant qui a fait ses preuves ? Où en serais-je si je t’avais donné ma fille ? tu me mènerais, et grand train, à la mendicité, car tu as déjà mangé en pure perte dix mille sequins ! Hein ? le grand d’Espagne est aujourd’hui bien petit.

FONTANARÈS.

Vous me faites pitié.

LOTHUNDIAZ.

C’est possible, mais tu ne me fais pas envie : ta tête est à la merci du tribunal.

DON RAMON.

Laissez-le ne voyez-vous pas qu’il est fou ?

FONTANARÈS.

Pas encore assez, Monsieur, pour croire que O plus O soit un binôme.


Scène II.

Les mêmes, Don FRÉGOSE, FAUSTINE, AVALOROS, SARPI.
SARPI.

Nous arrivons trop tard, la vente est finie…

DON FRÉGOSE.

Le roi regrettera d’avoir eu confiance en un charlatan.