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MATHIEU MAGIS.

Vous me brusquez ! ça n’est pas bien. Vous ignorez qu’il y a deux hommes en moi.

FONTANARÈS.

Je n’ai jamais vu l’autre.

MATHIEU MAGIS.

J’ai du cœur hors les affaires.

QUINOLA.

Mais vous êtes toujours en affaires.

MATHIEU MAGIS.

Je vous admire luttant tout deux.

FONTANARÈS.

L’admiration est le sentiment qui se fatigue le plus promptement chez l’homme. D’ailleurs vous ne prêtez pas sur les sentiments.

MATHIEU MAGIS.

Il y a des sentiments qui rapportent et des sentiments qui ruinent. Vous êtes animés par la foi, c’est très-beau, mais c’est ruineux. Nous fîmes, il y a six mois, de petites conventions : vous me demandâtes trois mille sequins pour vos expériences…

QUINOLA.

À la condition de vous en rendre cinq mille.

FONTANARÈS.

Eh bien ?

MATHIEU MAGIS.

Le terme est expiré depuis deux mois.

FONTANARÈS.

Vous nous avez fait sommation, il y a deux mois, et raide, le lendemain même de l’échéance.

MATHIEU MAGIS.

Oh ! sans fâcherie, uniquement pour être en mesure.

FONTANARÈS.

Eh bien ! après ?

MATHIEU MAGIS.

Vous êtes aujourd’hui mon débiteur.

FONTANARÈS.

Déjà huit mois, passés comme un songe ! Et je viens de me poser seulement cette nuit le problème à résoudre pour faire arriver l’eau froide, afin de dissoudre la vapeur ! Magis, mon ami, soyez mon protecteur, donnez-moi quelques jours de plus ?