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FRÉGOSE.

Enfin quelle est votre raison ?

FAUSTINE.

J’ai soif d’honneur, et vous avez compromis le mien.

FRÉGOSE.

Mais alors acceptez ma main.

FAUSTINE.

Eh ! laissez-moi donc.

FRÉGOSE.

Plus on vous donne de pouvoir, plus vous en abusez.


Scène XXI.

FAUSTINE, seule.

Maîtresse d’un vice-roi ! Oh ! je vais ourdir, avec Avaloros et Sarpi, une trame de Venise.


Scène XXII.

FAUSTINE, MATHIEU MAGIS.
MATHIEU MAGIS.

Madame a besoin de mes petits services ?

FAUSTINE.

Qui donc êtes-vous ?

MATHIEU MAGIS.

Mathieu Magis, pauvre Lombard de Milan, pour vous servir.

FAUSTINE.

Vous prêtez ?

MATHIEU MAGIS.

Sur de bons gages, des diamants, de l’or, un bien petit commerce. Les pertes nous cousent, Madame. L’argent dort souvent. Ah ! c’est un dur travail que de cultiver les maravédis. Une seule mauvaise affaire emporte le profit de dix bonnes, car nous hasardons mille écus dans les mains d’un prodigue pour en gagner trois cents, et voilà ce qui renchérit ce prêt. Le monde est injuste à notre égard.

FAUSTINE.

Êtes-vous juif ?