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Je veux le voir soumis à mes pieds, ou nous nous briserons dans la lutte.


Scène XX.

FAUSTINE, FRÉGOSE.
FRÉGOSE.

Eh bien ! je croyais trouver ici Fontanarès heureux d’avoir par vous son navire ?

FAUSTINE.

Vous le lui avez donc donné ? Vous ne le haïssez donc pas ? J’ai cru, moi, que vous trouveriez le sacrifice au-dessus de vos forces. J’ai voulu savoir si vous aviez plus d’amour que d’obéissance.

FRÉGOSE.

Ah ! Madame…

FAUSTINE.

Pouvez-vous le lui reprendre ?

FRÉGOSE.

Que je vous obéisse ou ne vous obéisse pas, je ne sais rien faire à votre gré. Mon Dieu! lui reprendre le navire! mais il y a mis un monde d’ouvriers, et ils en sont déjà les maîtres.

FAUSTINE.

Vous ne savez donc pas que je le hais, et que je veux ?…

FRÉGOSE.

Sa mort !

FAUSTINE.

Non, son ignominie.

FRÉGOSE.

Ah ! je vais donc pouvoir me venger de tout un mois d’angoisses.

FAUSTINE.

Gardez-vous bien de toucher à ma proie, laissez-la-moi. Et d’abord, don Frégose, reprenez les tableaux de ma galerie. (Mouvement d’étonnement chez don Frégose.) Je le veux.

FRÉGOSE.

Vous refusez donc d’être marquise de…

FAUSTINE.

Je les brûle en pleine place publique, ou les fais vendre pour en donner le prix aux pauvres.