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demande la vie en lui offrant sa bourse, comprenez-vous ?… (À part.) Une femme nous a sauvés à Valladolid, les femmes nous sauveront à Barcelone. (Haut et à la Brancador.) Il est bien triste !

AVALOROS.

Le misérable a de l’audace.

QUINOLA.

Et sans argent, voilà de quoi vous étonner.

SARPI, à Quinola.

Entre à mon service.

QUINOLA.

Je fais plus de façons pour prendre un maître.

FAUSTINE, à part.

Il est triste ! (Haut.) Eh quoi ! vous Sarpi, vous Avaloros, pour qui j’ai tant fait, un pauvre homme de génie arrive, et au lieu de le protéger, vous le persécutez… (Mouvement chez Avaloros et Sarpi.) Fi !… fi !… vous dis-je. (À Quinola.) Tu vas bien m’ expliquer leurs trames contre ton maître.

SARPI, à Faustine.

Ma chère cousine, il ne faut pas beaucoup de perspicacité pour deviner quelle est la maladie qui vous tient depuis l’arrivée de ce Fontanarès.

AVALOROS, à Faustine.

Vous me devez, Madame, deux mille écus d’or, et vous aurez encore à puiser dans ma caisse.

FAUSTINE.

Moi ! Que vous ai-je demandé ?

AVALOROS.

Rien, mais vous acceptez tout ce que j’ai le bonheur de vous offrir.

FAUSTINE.

Votre privilége pour le commerce des blés est un monstrueux abus.

AVALOROS.

Je vous dois, Madame, deux mille écus d’or.

FAUSTINE.

Allez m’écrire une quittance de ces deux mille écus d’or que je vous dois, et un bon de pareille somme, que je ne vous devrai pas. (À Sarpi.) Après vous avoir mis dans la position où vous êtes, vous ne seriez pas un politique bien fin, si vous ne gardiez mon secret.