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où nous ayons crédit, et si je n’avais rencontré ce vieil ami qui m’aime, car un a des amis qui vous détestent, nous serions sans habits…

FONTANARÈS.

Mais elle m’aime ! (Marie agite son mouchoir à la fenêtre.) Tiens, vois, mon étoile brille.

QUINOLA.

Eh Monsieur, c’est un mouchoir ! Êtes-vous assez dans votre bon sens pour écouler un conseil ?… Au lieu de cette espèce de madone, il vous faudrait une marquise de Mondéjar ! une de ces femmes à corsage frêle, mais doublé d’acier, capables par amour de toutes les ruses que nous inspire la détresse, à nous… Or, la Brancador…

FONTANARÈS.

Si tu veux me voir laisser tout là, tu n’as qu’à me parler ainsi ! Sache-le bien : l’amour est toute ma force, il est le rayon céleste qui m’éclaire.

QUINOLA.

Là, là, calmez-vous.

MONIPODIO.

Cet homme m’inquiète ! il me paraît mieux posséder la mécanique de l’amour que l’amour de la mécanique.


Scène XVIII.

Les mêmes, PAQUITA.
PAQUITA, à Fontanarès.

Ma maîtresse vous fait dire, Seigneur, que vous preniez garde à vous. Vous tous êtes attiré des haines implacables.

MONIPODIO.

Ceci me regarde. Allez sans crainte par les rues de Barcelone ; quand on voudra vous tuer, je le saurai le premier.

FONTANARÈS.

Déjà ?

PAQUITA.

Vous ne me dites rien pour elle.

QUINOLA.

Ma mie, on ne pense pas à deux machines à la fois !… Dis à ta céleste maîtresse que mon maître lui baise les pieds. Je suis garçon, mon ange, et veux faire une heureuse fin. (Il l'embrasse.)