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Scène VI.

JOSEPH, seul.

Voilà un vieil ami, c’est bien ce qu’il y a de pis au monde… il me fera perdre ma place. Ah ! si je n’avais pas peur d’être empoisonné comme un chien par Jacques Collin, qui le ferait, je dirais tout au duc ; mais, dans ce bas monde, chacun son écot ! je ne veux payer pour personne. Que le duc s’arrange avec Jacques, je vais me coucher. Du bruit ? la duchesse se lève. Que veut-elle ?… Tâchons d’écouter.


Scène VII.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL

Où cacher l’acte de naissance de mon fils ?… (Elle lit.) « Valence… juillet 1793. » Ville de malheur pour moi ! Fernand est bien né sept mois après mon mariage, par une de ces fatalités qui justifient d’infâmes accusations ! Je vais prier ma tante de garder cet acte sur elle jusqu’à ce que je le dépose en lieu de sûreté. Chez moi, le duc ferait tout fouiller en mon absence, il dispose de la police à son gré. On n’a rien à refuser à un homme en faveur. Si Joseph me voyait à cette heure allant chez mademoiselle de Vaudrey, tout l’hôtel en causerait. Ah ! seule au monde, seule contre tous, toujours prisonnière chez moi !


Scène VIII.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL, MADEMOISELLE DE VAUDREY.
LA DUCHESSE.

Il ne vous est donc pas plus possible qu’à moi de dormir ?

MADEMOISELLE DE VAUDREY.

Louise ! mon enfant, si je reviens, c’est pour dissiper un rêve dont le réveil sera funeste. Je regarde comme un devoir de vous arracher à des pensées folles. Plus j’ai réfléchi à ce que vous m’avez