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MONIPODIO.

Ça vaudra presque un voyage à Compostelle. J’ai la foi du contrebandier : je tope.

QUINOLA.

Tu ne dois pas avoir rompu avec l’atelier des faux monnayeurs, et nos ouvriers en serrurerie.

MONIPODIO.

Dame ! dans l’intérêt de l’État…

QUINOLA.

Mon maitre va faire construire sa machine, j’aurai les modèles de chaque pièce, nous en fabriquerons une seconde…

MONIPODIO.

Quinola ?

QUINOLA.

Eh bien ? (Paquita se montre au balcon.)

MONIPODIO.

Tu es le grand homme !

QUINOLA.

Je le sais bien. Invente, et tu mourras persécuté comme un criminel ; copie, et tu vivras heureux comme un sot ! Et d’ailleurs, si Fontanarès périssait, pourquoi ne sauverais-je pas son invention pour le bonheur de l’humanité ?

MONIPODIO.

D’autant plus que, selon un vieil auteur, nous sommes l’humanité… Il faut que je t’embrasse…


Scène II.

les mêmes, PAQUITA.
QUINOLA, à part.

Après une dupe honnête je ne sais rien de meilleur qu’un fripon qui s’abuse.

PAQUITA.

Deux amis qui s’embrassent, ce ne sont pas donc des espions…

QUINOLA.

Tu es déjà dans les chausses du vice-roi, dans la poche de la Brancador. Ça va bien ! Fais un miracle ! habille-nous d’abord ; puis, si nous ne trouvons pas à nous deux, en consultant un flacon de liqueur, quelque moyen de faire revoir à mon maître sa