Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Scène VIII.

les précédents, LA REINE, LE ROI, LA MARQUISE DE MONTDÉJAR, LE GRAND INQUISITEUR, TOUTE LA COUR.
PHILIPPE II.

Messieurs, nous allons prier Dieu qui vient de frapper l’Espagne. L’Angleterre nous échappe, l’Armada s’est perdue et nous ne vous en voulons point : amiral (Il se tourne vers l’amiral), vous n’aviez pas mission de combattre les tempêtes.

QUINOLA.

Sire ! (Il plie un genou.)

PHILIPPE II.

Qui es-tu ?

QUINOLA.

Le plus petit et le plus dévoué de vos sujets, le valet d’un homme qui gémit dans les prisons du saint-office, accusé de magie pour vouloir donner à Votre Majesté les moyens d’éviter de pareils désastres…

PHILIPPE II.

Si tu n’es qu’un valet, lève-toi. Les grands doivent seuls ici fléchir devant le roi.

QUINOLA.

Mon maître restera donc à vos genoux.

PHILIPPE II.

Explique-toi promptement : le roi n’a pas dans sa vie autant d’instants qu’il a de sujets.

QUINOLA.

Vous devez alors une heure à un empire. Mon maître, le seigneur Alfonso Fontanarès, est dans les prisons du saint-office…

PHILIPPE II, au grand Inquisiteur.

Mon père, (le grand Inquisiteur s’approche) que pouvez-vous nous dire d’un certain Alfonso Fontanarès ?

LE GRAND INQUISITEUR.

C’est un élève de Galilée, il professe sa doctrine condamnée, et se vante de pouvoir faire des prodiges en refusant d’en dire les moyens. Il est accusé d’être plus Maure qu’Espagnol.

QUINOLA, à part.

Cette face blême va tout gâter… (Au roi.) Sire, mon maître, pour