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LE DUC DE LERME, bas.

Le duc d’Olmédo aurait été, dit-on, assassiné ce matin, à trois heures, au petit jour, à quelques pas du jardin de l’hôtel Mondéjar.

LE CAPITAINE.

Il est bien capable de s’être fait un peu assassiner pour perdre ainsi ma cousine dans l’esprit du roi, qui, semblable aux grands politiques, tient pour vrai tout ce qui est probable.

LE DUC DE LERME.

On dit que l’inimitié du duc et de la marquise n’est qu’une feinte, et que l’assassin ne peut pas être poursuivi.

LE CAPITAINE.

Duc, ceci ne doit pas se répéter sans une certitude, et ne s’écrirait alors qu’avec une épée teinte de mon sang.

LE DUC DE LERME.

Vous m’avez demandé des nouvelles… (Le duc se retire.)


Scène V.

les mêmes, LA MARQUISE DE MONDÉJAR.
LE CAPITAINE.

Ah ! mais voici ma cousine (À la marquise.) Chère marquise, vous êtes encore bien agitée. Au nom de notre salut, contenez-vous, on va vous observer.

LA MARQUISE.

Cet homme est-il revenu ?

LE CAPITAINE.

Mais comment un homme placé si bas peut-il vous causer de telles alarmes ?

LA MARQUISE.

Il tient ma vie dans ses mains ; plus que ma vie, car il tient aussi celle d’un autre qui, malgré les plus habiles précautions, excite la jalousie…

LE CAPITAINE.

Du roi… Aurait-il donc fait assassiner le duc d’Olmédo, comme on le dit.

LA MARQUISE.

Hélas… je ne sais plus qu’en penser… Me voilà seule, sans secours… et peut-être bientôt abandonnée.