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— Je m’en doutais…

— Mais, si elle continue à plaisanter, elle finira par se rendre malade : je suis trop ton ami pour faire cette spéculation, car je veux qu’il y ait chez moi, sous le médecin, un honnête homme…

— Ma femme veut une voiture.

Comme dans le solo de corbillard, cette Caroline avait écouté à la porte.

Encore aujourd’hui, le jeune docteur est obligé d’épierrer son chemin des calomnies que cette charmante femme y jette à tout moment ; et, pour avoir la paix, il a été forcé de s’accuser de cette petite faute de jeune homme en nommant son ennemie afin de la faire taire.




LES MARRONS DU FEU.


On ne sait pas combien il y a de nuances dans le malheur, cela dépend des caractères, de la force des imaginations, de la puissance des nerfs. S’il est impossible de saisir ces nuances si variables, on peut du moins indiquer les couleurs tranchées, les principaux accidents. L’auteur a donc réservé cette petite misère pour la dernière, car c’est la seule qui soit comique dans le malheur.

L’auteur se flatte d’avoir épuisé les principales. Aussi les femmes arrivées au port, à l’âge heureux de quarante ans, époque à laquelle elles échappent aux médisances, aux calomnies, aux soupçons, où leur liberté commence ; ces femmes lui rendront-elles justice en disant que dans cet ouvrage toutes les situations critiques d’un ménage se trouvent indiquées ou représentées ?

Caroline a son Affaire-Chaumontel. Elle sait susciter à son mari des sorties imprévues, elle a fini par s’entendre avec madame de Fischtaminel.

Dans tous les ménages, dans un temps donné, les madame de Fischtaminel deviennent la providence des Carolines.

Caroline câline madame de Fischtaminel avec autant de soin que l’armée d’Afrique choie Abd-el-Kader, elle lui porte la sollicitude qu’un médecin met à ne pas guérir un riche malade imaginaire. À elles deux, Caroline et madame de Fischtaminel inventent des occupations au cher Adolphe quand ni madame de Fischtaminel ni