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PIÈCES DE L’AFFAIRE-CHAUMONTEL


À LA PARTIE FINE.
DOIT À PERRAULT M. ADOLPHE.


Livré chez madame Schontz, le 6 janvier 18..,
un pâté de foie gras
22 fr. 50 c.
Six bouteilles de divers vins 70 »
Fourni à l’Hôtel du Congrès, le 11 février, n° 21,
un déjeuner fin, prix convenu
100 »

Total 192 fr. 50 c.


Caroline étudie les dates et retrouve dans sa mémoire des rendez-vous relatifs à l’Affaire-Chaumontel. Adolphe avait désigné le jour des Rois pour une réunion où l’on devait enfin toucher la collocation de l’Affaire-Chaumontel. Le 11 février, il avait rendez-vous chez le notaire pour signer une quittance dans l’Affaire-Chaumontel.

Ou bien… Mais vouloir formuler tous les hasards, c’est une entreprise de fou.

Chaque femme se rappellera comment le bandeau qu’elle avait sur les yeux est tombé ; comment, après bien des doutes, des déchirements de cœur, elle est arrivée à ne faire une querelle que pour clore le roman, pour mettre le signet au livre, stipuler son indépendance, ou commencer une nouvelle vie.

Quelques femmes sont assez heureuses pour avoir pris les devants, elles font cette querelle en manière de justification.

Les femmes nerveuses éclatent et se livrent à des violences.

Les femmes douces prennent un petit ton décidé qui fait trembler les plus intrépides maris. Celles qui n’ont pas encore de vengeance prête pleurent beaucoup.

Celles qui vous aiment pardonnent. Ah ! elles conçoivent si bien, comme la femme appelée ma Berline, que leur Adolphe soit aimé des Françaises, qu’elles sont heureuses de posséder légalement un homme dont raffolent toutes les femmes.

Certaines femmes à lèvres serrées comme des coffres-forts, à teint brouillé, à bras maigres, se font un malicieux plaisir de promener leur Adolphe dans les fanges du mensonge, dans les contradictions ; elles le questionnent (voir la misère dans la misère) comme un magistrat qui questionne le criminel, en se