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— Non, certes…

— Pourquoi demandes-tu cela, mon petit homme ? dit madame Foullepointe.

— C’est qu’elle vient de donner un fameux soufflet à papa, qui est bien plus fort que moi.

Madame Foullepointe se met à rire, et Adolphe, qui pensait à faire la cour à madame Foullepointe, se voit plaisanté cruellement par elle après avoir eu (voir les dernières querelles) une première-dernière querelle avec Caroline.


LA DERNIÈRE QUERELLE.


Dans tous les ménages, maris et femmes entendent sonner une heure fatale. C’est un vrai glas, la mort de la jalousie, une grande, une noble, une charmante passion, le seul véritable symptôme de l’amour, s’il n’est pas toutefois son double. Quand une femme n’est plus jalouse de son mari, tout est dit, elle ne l’aime plus. Aussi, l’amour conjugal s’éteint-il dans la dernière querelle que fait une femme.


AXIOME.

Dès qu’une femme ne querelle plus son mari, le minotaure est assis dans un fauteuil au coin de la cheminée de la chambre à coucher, et il tracasse avec le bout de sa canne ses bottes vernies.


Toutes les femmes doivent se rappeler leur dernière querelle, cette suprême petite misère qui souvent éclate à propos d’un rien, ou plus souvent encore à l’occasion d’un fait brutal, d’une preuve décisive. Ce cruel adieu à la croyance, aux enfantillages de l’amour, à la vertu même, est en quelque sorte capricieux comme la vie. Comme la vie, il n’est le même dans aucun ménage.

Ici peut-être l’auteur doit-il chercher toutes les variétés de querelles, s’il veut être exact.

Ainsi, Caroline aura découvert que la robe judiciaire du syndic de l’Affaire-Chaumontel cache une robe d’une étoffe infiniment moins rude, d’une couleur agréable, soyeuse ; qu’enfin Chaumontel a des cheveux blonds et des yeux bleus.

Ou bien Caroline, levée avant Adolphe, aura vu le paletot jeté sur un fauteuil à la renverse, et la ligne d’un petit papier parfumé,