Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 18.djvu/653

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Que cela t’apprenne, mon ange, à ne jamais te servir de tes domestiques si tu veux qu’ils te servent. C’est la plus basse des tyrannies. Être à la merci de ses gens !…

Adolphe profite de cette circonstance pour épouvanter Caroline, car il pense à ses futures Affaires-Chaumontel, et voudrait bien ne plus être espionné.

Justine est mandée, Adolphe la renvoie immédiatement sans vouloir qu’elle s’explique. Caroline croit sa petite misère finie. Elle prend une autre femme de chambre.

Justine, à qui ses douze ou quinze mille francs ont mérité les attentions d’un porteur d’eau à la voie, devient madame Chavagnac et entreprend le commerce de la fruiterie. Dix mois après Caroline reçoit par un commissionnaire, en l’absence d’Adolphe, une lettre écrite sur du papier écolier, en jambages qui voudraient trois mois d’orthopédie, et ainsi conçue :


Madam !

Vous êt hindigneuman trompai perre msieu poure mame deux Fischtaminelle, ile i vat tou lé soarres, ai vous ni voilliez queu du feux ; vous n’avet queu ceu que vou mairitte, j’ean sui contant, ai j’ai bien éloneure de vou saluair.


Caroline bondit comme une lionne piquée par un taon ; elle se replace d’elle-même sur le gril du soupçon, elle recommence sa lutte avec l’inconnu.

Quand elle a reconnu l’injustice de ses soupçons, il arrive une autre lettre qui lui offre de lui donner des renseignements sur une Affaire-Chaumontel que Justine a éventée.

La petite misère des Aveux, souvenez-vous-en, mesdames, est souvent plus grave que celle-ci.


HUMILIATIONS.


À la gloire des femmes, elles tiennent encore à leurs maris, quand leurs maris ne tiennent plus à elles, non-seulement parce qu’il existe, socialement parlant, plus de liens entre une femme mariée et un homme, qu’entre cet homme et sa femme ; mais en-