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les amies de Caroline ne s’expliquent pas pourquoi elle tient à une fille si désagréable, qui prend des airs de maîtresse, qui porte chapeau, qui fait l’impertinente…

On parle de cette domination stupide chez madame Deschars, chez madame de Fischtaminel, et l’on en plaisante. Quelques femmes entrevoient des raisons monstrueuses et qui mettent en cause l’honneur de Caroline.


AXIOME.

Dans le monde, on sait mettre des paletots à toutes les vérités, même les plus jolies.


Enfin l’aria della calumnia s’exécute absolument comme si Bartholo le chantait.

Il est avéré que Caroline ne peut pas renvoyer sa femme de chambre.

Le monde s’acharne à trouver le secret de cette énigme. Madame de Fischtaminel se moque d’Adolphe, Adolphe revient chez lui furieux, fait une scène à Caroline et renvoie Justine.

Ceci produit un tel effet sur Justine, que Justine tombe malade, elle se met au lit. Caroline fait observer à son mari qu’il est difficile de jeter dans la rue une fille dans l’état où se trouve Justine, une fille qui, d’ailleurs, leur est bien attachée et qui est chez eux depuis leur mariage.

— Dès qu’elle sera rétablie, qu’elle s’en aille ! dit Adolphe.

Caroline, rassurée sur Adolphe et indignement grugée par Justine, en arrive à vouloir s’en débarrasser ; elle applique sur cette plaie un remède violent, et elle se décide à passer par les fourches caudines d’une autre petite misère que voici :


LES AVEUX.


Un matin, Adolphe est ultra-câliné. Le trop heureux mari cherche les raisons de ce redoublement de tendresse, et il entend Caroline qui, d’une voix caressante, lui dit : ─ Adolphe ?

— Quoi ! répond-il effrayé du tremblement intérieur accusé par la voix de Caroline.

— Promets-moi de ne pas te fâcher ?

— Oui.