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feu ? Tôt ou tard la jolie épouse, la femme aimée mourra, si tu continues ainsi, dans sa robe de chambre. Viens, et tu perpétueras ton empire par l’emploi de la coquetterie ? Montre-toi dans les salons, et ton joli pied marchera sur l’amour de tes rivales.

» L’autre Voix sort de mon chambranle de marbre blanc, qui s’agite comme une robe. Je crois voir une vierge divine couronnée de roses blanches, une palme verte à la main. Deux yeux bleus me sourient. Cette vertu si simple me dit : ─ Reste ! sois toujours bonne, rends cet homme heureux, c’est là toute ta mission. La douceur des anges triomphe de toute douleur. La foi dans soi-même a fait recueillir aux martyrs du miel sur les brasiers de leurs supplices. Souffre un moment ; tu seras heureuse.

» Quelquefois, Adolphe revient en cet instant, et je suis heureuse. Mais, ma chère, je n’ai pas autant de patience que d’amour ; il me prend des envies de mettre en pièces les femmes qui peuvent aller partout, et dont la présence est désirée autant par les hommes que par les femmes. Quelle profondeur dans ce vers de Molière :

Le monde, chère Agnès, est une étrange chose !

» Tu ne connais pas cette petite misère, heureuse Mathilde ; tu es une femme bien née ! Tu peux beaucoup pour moi. Songes-y ! Je puis t’écrire là ce que je n’osais te dire. Tes visites me font grand bien, viens souvent voir ta pauvre

» caroline. »


— Eh bien ! dis-je au clerc, savez-vous ce qu’a été cette lettre pour feu Bourgarel ?

— Non.

— Une lettre de change.

Ni le clerc, ni le patron n’ont compris. Comprenez-vous, vous ?





SOUFFRANCES INGÉNUES.


Oui, ma chère, il vous arrivera, dans l’état de mariage, des choses dont vous vous doutez très-peu ; mais il vous en arrivera d’autres dont vous vous doutez encore moins. Ainsi…