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Ô femmes ! vous avez été entendues, car si vous n’êtes pas toujours comprises, vous vous faites toujours très-bien entendre !…

Donc, il serait souverainement injuste de faire porter sur vous seules les reproches que tout être social mis sous le joug (conjungium) a le droit d’adresser à cette institution nécessaire, sacrée, utile, éminemment conservatrice, mais tant soit peu gênante, et d’un porter difficile aux entournures, ou quelquefois trop facile aussi.

J’irai plus loin ! Cette partialité serait évidemment du crétinisme.

Un homme, non écrivain, car il y a bien des hommes dans un écrivain, un auteur donc, doit ressembler à Janus : voir en avant et en arrière, se faire rapporteur, découvrir toutes les faces d’une idée, passer alternativement dans l’âme d’Alceste et dans celle de Philinte, ne pas tout dire et néanmoins tout savoir, ne jamais ennuyer, et…

N’achevons pas ce programme, autrement nous dirions tout, et ce serait effrayant pour tous ceux qui réfléchissent aux conditions de la littérature.

D’ailleurs un auteur qui prend la parole au milieu de son livre fait l’effet du bonhomme dans le Tableau parlant, quand il met son visage à la place de la peinture. L’auteur n’oublie pas qu’à la Chambre on ne prend point la parole entre deux épreuves. Assez donc !

Voici maintenant le côté femelle du livre ; car, pour ressembler parfaitement au mariage, ce livre doit être plus ou moins androgyne.





LES MARIS DU SECOND MOIS.


Deux jeunes mariées, deux amies de pension, Caroline et Stéphanie, intimes au pensionnat de mademoiselle Mâchefer, une des plus célèbres maisons d’éducation du faubourg Saint-Honoré, se trouvaient au bal chez madame de Fischtaminel, et la conversation suivante eut lieu dans l’embrasure d’une croisée du boudoir.

Il faisait si chaud, qu’un homme avait eu, bien avant les deux jeunes femmes, l’idée de venir respirer l’air de la nuit ; il s’était placé dans l’angle même du balcon, et, comme il se trouvait beau-