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plus grande modestie que, si la science sait que le trismus est le trismus, elle ignore entièrement la cause de ce mouvement nerveux, qui va, vient, passe, reparaît… ─ Et, dit-il, nous avons reconnu que c’était purement nerveux.

— Est-ce bien dangereux ? demande Caroline inquiète.

— Nullement. Comment vous couchez-vous ?

— En rond.

— Bien ; sur quel côté ?

— À gauche.

— Bien ; combien avez-vous de matelas à votre lit ?

— Trois.

— Bien ; y a-t-il un sommier ?

— Mais, oui…

— Quelle est la substance du sommier ?

— Le crin.

— Bon. Marchez un peu devant moi !… Oh ! mais naturellement, et comme si nous ne vous regardions pas…

Caroline marche à la Elssler, en agitant sa tournure de la façon la plus andalouse.

— Vous ne sentez pas un peu de pesanteur dans les genoux ?

— Mais… non… (Elle revient à sa place.) Mon Dieu, quand on s’examine… il me semble maintenant que oui…

— Bon. Vous êtes restée à la maison depuis quelque temps ?

— Oh ! oui, monsieur, beaucoup trop… et seule.

— Bien, c’est cela. Comment vous coiffez-vous pour la nuit ?

— Un bonnet brodé, puis quelquefois par-dessus un foulard…

— Vous n’y sentez pas des chaleurs… une petite sueur ?…

— En dormant, cela me semble difficile.

— Vous pourriez trouver votre linge humide à l’endroit du front en vous réveillant ?

— Quelquefois.

— Bon. Donnez-moi votre main.

Le docteur tire sa montre.

— Vous ai-je dit que j’ai des vertiges ? dit Caroline.

— Chut !… fait le docteur qui compte les pulsations. Est-ce le soir ?…

— Non, le matin.

— Ah ! diantre, des vertiges le matin, dit-il en regardant Adolphe.