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— Madame…

Tout le monde écoute et se regarde. Adolphe devient le point de mire de tous les yeux ; il est hébété d’étonnement ; il voudrait faire disparaître Caroline par une trappe, comme au théâtre.

— Voici monsieur Foullepointe, mon mari, dit madame Foullepointe.

Caroline devient alors d’un rouge écarlate en comprenant l’école qu’elle a faite, et Adolphe la foudroie d’un regard à trente-six becs de gaz.

— Vous le disiez jeune, blond… dit à voix basse madame Deschars.

Madame Foullepointe, en femme spirituelle, regarde audacieusement la corniche.

Un mois après, madame Foullepointe et Caroline deviennent intimes. Adolphe, très-occupé de madame Fischtaminel, ne fait aucune attention à cette dangereuse amitié, qui doit porter ses fruits ; car, sachez-le !


axiome.

Les femmes ont corrompu plus de femmes que les hommes n’en ont aimé.





LE SOLO DE CORBILLARD.


Après un temps dont la durée dépend de la solidité des principes de Caroline, elle paraît languissante ; et quand, en la voyant étendue sur les divans comme un serpent au soleil, Adolphe, inquiet par décorum, lui dit : ─ Qu’as-tu, ma bonne ? que veux-tu ?

— Je voudrais être morte !

— Un souhait assez agréable et d’une gaieté folle…

— Ce n’est pas la mort qui m’effraie, moi, c’est la souffrance…

— Cela signifie que je ne te rends pas la vie heureuse !… Et voilà bien les femmes !

Adolphe arpente le salon en déblatérant ; mais il est arrêté net en voyant Caroline étanchant de son mouchoir brodé des larmes qui coulent assez artistement.