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Quoique Adolphe soit devenu prudent, cette réponse éveille les susceptibilités de Caroline. Une mère veut bien penser exclusivement à son enfant, mais elle ne veut pas se le voir préférer. Madame se tait ; le lendemain, elle s’ennuie à la mort. Adolphe étant parti pour ses affaires, elle l’attend depuis cinq heures jusqu’à sept, et va seule avec le petit Charles jusqu’à la voiture. Elle parle pendant trois quarts d’heure de ses inquiétudes. Elle a eu peur en allant de chez elle au bureau des voitures. Est-il convenable qu’une jeune femme soit là, seule ? Elle ne supportera pas cette existence-là.

La villa crée alors une phase assez singulière, et qui mérite un chapitre à part.





LA MISÈRE DANS LA MISÈRE.


axiome.

La misère fait des parenthèses.


exemple.

On a diversement parlé, toujours en mal, du point de côté ; mais ce mal n’est rien, comparé au point dont il s’agit ici, et que les plaisirs du regain conjugal font dresser à tout propos, comme le marteau de la touche d’un piano. Ceci constitue une misère picotante, qui ne fleurit qu’au moment où la timidité de la jeune épouse a fait place à cette fatale égalité de droits qui dévore également le ménage et la France. À chaque saison ses misères !…

Caroline, après une semaine où elle a noté les absences de monsieur, s’aperçoit qu’il passe sept heures par jour loin d’elle. Un jour, Adolphe, qui revient gai comme un acteur applaudi, trouve sur le visage de Caroline une légère couche de gelée blanche. Après avoir vu que la froideur de sa mine est remarquée, Caroline prend un faux air amical dont l’expression bien connue a le don de faire intérieurement pester un homme, et dit : ─ Tu as donc eu beaucoup d’affaires, aujourd’hui, mon ami ?

— Oui, beaucoup !

— Tu as pris des cabriolets ?

— J’en ai eu pour sept francs…