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gérants, des actions, et surtout du fonds de roulement, le dividende n’est pas clair…


axiome.

Les femmes ont toujours peur de ce qui se partage.

Enfin, Caroline craint des piéges ; mais elle est enchantée de savoir qu’elle peut avoir sa voiture, sa loge, les habits variés de son enfant, etc. Tout en vous détournant de l’affaire, elle est visiblement heureuse de vous voir y mettant vos capitaux.

Première époque. — Oh ! ma chère, je suis la plus heureuse femme de la terre ; Adolphe vient de se lancer dans une magnifique affaire. Je vais avoir un équipage, oh ! bien plus beau que celui de madame de Fischtaminel : le sien est passé de mode ; le mien aura des rideaux à franges… Mes chevaux seront gris de souris, les siens sont des alezans, communs comme des pièces de six liards.

— Madame, cette affaire est donc ?…

— Oh ! superbe, les actions doivent monter ; il me l’a expliquée avant de s’y jeter : car Adolphe ! Adolphe ne fait rien sans prendre conseil de moi…

— Vous êtes bien heureuse.

— Le mariage n’est pas tolérable sans une confiance absolue, et Adolphe me dit tout.

Vous êtes, vous ou toi, Adolphe, le meilleur mari de Paris, un homme adorable, un génie, un cœur, un ange. Aussi êtes-vous choyé à en être incommodé. Vous bénissez le mariage. Caroline vante les hommes, ─ ces rois de la création ! ─ les femmes sont faites pour eux, ─ l’homme est généreux, ─ le mariage est la plus belle institution.

Durant trois mois, six mois, Caroline exécute les concertos, les solos les plus brillants sur cette phrase adorable : ─ Je serai riche ! ─ j’aurai mille francs par mois pour ma toilette. ─ Je vais avoir un équipage !…

Il n’est plus question de l’enfant que pour savoir dans quel collége on le mettra.

Deuxième époque. — Eh bien ! mon cher ami, où donc en est cette affaire ? — Que devient ton affaire ? — Et cette affaire qui doit me donner une voiture, etc. ?… — Il est bien temps que ton affaire finisse !… — Quand se terminera l’affaire ? — Elle est bien