Voici un des mille exemples du jésuitisme de la femme, et cet exemple constitue la plus horrible des petites misères de la vie conjugale, elle en est peut-être la plus grande.
Poussé par les désirs mille fois exprimés, mille fois répétés de Caroline, qui se plaignait d’aller à pied ; ou de ne pas pouvoir remplacer assez souvent son chapeau, son ombrelle, sa robe, quoi que ce soit de sa toilette ;
De ne pas pouvoir mettre son enfant en matelot, — en lancier, — en artilleur de la garde nationale, — en Écossais, les jambes nues, avec une toque à plumes, ─ en jaquette, ─ en redingote, ─ en sarrau de velours, ─ en bottes, ─ en pantalon ; de ne pas pouvoir lui acheter assez de joujoux, des souris qui trottent toutes seules, ─ de petits ménages complets, etc. ;
Ou rendre à madame Deschars ni à madame de Fischtaminel leurs politesses : ─ un bal, ─ une soirée, ─ un dîner ; ou prendre une loge au spectacle, afin de ne plus se placer ignoblement aux galeries entre des hommes trop galants, ou grossiers à demi ; d’avoir à chercher un fiacre à la sortie du spectacle :
— Tu crois faire une économie, tu te trompes, vous dit-elle ; les hommes sont tous les mêmes ! Je gâte mes souliers, je gâte mon chapeau, mon châle se mouille, tout se fripe, mes bas de soie sont éclaboussés. Tu économises vingt francs de voiture, ─ non pas même vingt francs, car tu prends pour quatre francs de fiacre, ─ seize francs donc ! et tu perds pour cinquante francs de toilette, puis tu souffres dans ton amour-propre en voyant sur ma tête un chapeau fané ; tu ne t’expliques pas pourquoi : c’est tes damnés fiacres. Je ne te parle pas de l’ennui d’être prise et foulée entre les hommes, il paraît que cela t’est indifférent !
De ne pouvoir acheter un piano au lieu d’en louer un ; ou suivre les modes. (Il y a des femmes qui ont toutes les nouveautés, mais à quel prix ?… Elle aimerait mieux se jeter par la croisée que de les imiter, car elle vous aime, elle pleurniche. Elle ne comprend pas ces femmes-là !) De ne pouvoir s’aller promener aux Champs-Élysées, dans sa voiture, mollement couchée, comme madame de Fischtaminel. (En voilà une qui entend la vie ! et qui a un bon mari, et bien appris, et bien discipliné, et heureux ! sa femme passerait dans le feu pour lui !…)
Enfin, battu dans mille scènes conjugales, battu par les raison-