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ciale qui fonctionne ainsi !… Mon Dieu ! que deviendront les rois dans peu ! Mais que deviendront, avec cet état de choses, les nations elles-mêmes dans cinquante ans ?…

— Tu m’aimes, tu es à côté de moi ; je trouve le présent bien beau, et ne me soucie guère d’un avenir si lointain, lui répondit sa femme.

— Auprès de toi, vive le présent ! dit gaiement l’amoureux Blondet, et au diable l’avenir ! Puis il fit signe au cocher de partir, et tandis que les chevaux s’élançaient au galop, les nouveaux mariés reprirent le cours de leur lune de miel.


1845




On doit croire l’auteur des Paysans assez instruit des choses de son temps, pour savoir qu’il n’y avait point de cuirassiers dans la garde impériale. Il prend ici la liberté de faire observer qu’il a dans son cabinet les uniformes de la République, de l’Empire, de la Restauration, la collection tous les costumes militaires des pays que la France a eus pour alliés ou pour adversaires, et plus d’ouvrages sur les guerres de 1792 à 1815 que n’en possède tel maréchal de France. Il se sert de la voix du journal pour remercier les personnes qui lui ont fait l’honneur d’assez s’intéresser à ses travaux, pour lui envoyer des notes rectificatives et des renseignements.

Une fois pour toutes, il répond ici que ses inexactitudes sont volontaires et calculées. Ceci n’est pas une Scène de la Vie Militaire, où il serait tenu de ne pas mettre des sabretaches à des fantassins. Toucher à l’histoire contemporaine, ne fût-ce que par des types, comporte des dangers. C’est en se servant, pour des fictions, d’un cadre dont les détails sont minutieusement vrais, en dénaturant tour à tour les faits par des couleurs qui leur sont étrangères, qu’on évite le petit malheur des personnalités. Déjà, pour une ténébreuse affaire, quoique le fait eut été changé dans ses détails et appartienne a l’histoire, l’auteur a dû répondre à d’absurdes observations basées sur cette objection qu’il n’y avait eu qu’un sénateur d’enlevé, de séquestré, sous le règne de l’Empereur. Je le crois bien! on aurait peut-être couronné de fleurs celui qui en aurait enlevé un second !

Si l’inexactitude relative aux cuirassiers est trop choquante, il est facile de ne pas parler de la Garde. Mais la famille de l’illustre général qui commandait la cavalerie refoulée sur le Danube, nous demanderait alors compte des onze cent mille francs que l’Empereur a laissé prendre à Moncornet en Poméranie.

On viendra bientôt nous prier de dire dans quelle géographie se trouve la Ville-aux-Fayes, l’Avonne et Soulanges. Tous ces pays et ces cuirassiers vivent sur le golfe Immense où sont la tour de Ravensvood, les Eaux de Saint-Ronan, la terre de Tillietudiem, Gander-Cleug. Lilliput, l’abbaye de Thélème, les conseillers privés d’Hoffmann, l’île de Robinson Crusoé, les terres de la famille Shandy, dans un monde exempt de contributions, et où la poste se paie par ceux qui y voyagent à raison de 20 centimes le volume.

(Note de l'auteur.)


FIN DES PAYSANS.