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vie, ces gens-là ; ils s’ennuient de toujours travailler. Oh ! monsieur il ne se passe pas, au fond des campagnes, des choses plus belles que dans Paris ; mais vous ne le croiriez pas.

— Soyez donc bons et bienfaisants ! dit la comtesse.

Le soir de l’arrestation, Bonnébault vint au cabaret du Grand-I-Vert, où toute la famille était joyeuse.

— Oui, oui, réjouissez-vous, dit-il, je viens d’apprendre par Vaudoyer, que pour vous punir, la comtesse retire les mille francs promis à la Godain ; son mari ne veut pas.

— C’est Michaud qui le lui a conseillé, dit Tonsard, ma mère l’a entendu, elle me l’a dit à La-Ville-aux-Fayes, où je suis allé lui donner de l’argent et toutes ses affaires. — Eh bien, qu’elle ne les donne pas ; nos cinq cents francs aideront la Godain à payer, et je me vengerai de ça, nous deux Godain… Ah ! Michaud se mêle de nos petites affaires ! Qu’est-ce que ça lui fait ? ça (se) passe-t-il dans son bois ? C’est lui qu’est l’auteur de tout ce tapage-là ; c’est lui qu’a découvert la mèche, le jour où ma mère a coupé le sifflet à son chien. Et si je me mêlais des affaires du château, moi ! si je disais au général que sa femme se promène le matin dans les bois avec un jeune homme, sans craindre la rosée ; faut avoir les pieds chauds pour ça…

— Le général, le général, dit Courtecuisse, on en ferait tout ce qu’on voudrait, mais c’est Michaud qui lui monte la tête… un faiseur d’embarras, il ne sait rien de son métier.

— Le fait est, dit Vaudoyer, que si Michaud n’y était plus nous serions tranquilles.

— Assez causé, dit Tonsard, nous parlerons de cela plus tard, au clair de lune, en plein champ.

Vers la fin d’octobre, la comtesse partit et laissa le général seul pour une quinzaine ; elle ne voulait pas perdre les représentations du théâtre italien, elle était d’ailleurs seule depuis un mois, elle n’avait plus la société d’Emile qui l’aidait à passer les moments où le général courait la campagne et allait à ses affaires.