Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 18.djvu/505

Cette page n’a pas encore été corrigée

avec la serpe ensanglantée et l’outil à faire les incisions du tronc. Blondet s’assit entre la comtesse et madame Michaud, et leur raconta la fin de Prince et la plus triste découverte qu’il avait occasionnée.

— Mon Dieu ! disons-le au général avant qu’il ne déjeune, s’écria la comtesse ; il pourrait mourir de colère.

— Je le préparerai, dit Blondet.

— Ils ont tué le chien, dit Olympe en laissant couler des larmes.

— Vous aimiez donc bien Prince, dit la comtesse, ma chère, pour pleurer ?

— Je ne pense pas à Prince, mais à mon mari ; j’ai peur qu’il ne lui arrive malheur !

— Comme ils nous ont gâté cette matinée.

— Comme ils gâtent le pays ! dit la jeune femme.

Ils trouvèrent le général à la grille.

— D’où venez-vous donc ? dit-il.

— Vous allez le savoir, répondit Blondet d’un air mystérieux en faisant descendre madame Michaud, dont la tristesse frappa le comte.

Un instant après, le général et Blondet étaient sur la terrasse des appartements.

— Vous êtes bien suffisamment muni de courage moral, vous ne vous mettrez pas en colère….

— Non, dit le général ; mais finissez-en, ou je crois que vous voulez vous moquer de moi…

— Voyez-vous ces arbres à feuillages morts ?

— Oui.

— Voyez-vous ceux qui sont pâles ?

— Oui.

— Eh bien ! autant d’arbres morts, (autant d’arbres) tués par vos paysans que vous croyez avoir gagnés par vos bienfaits. Et Blondet raconta les aventures de la matinée.

Le général était si pâle, qu’il effraya Blondet.

— Eh bien ! jurez, sacrez, emportez-vous, votre contraction peut vous faire encore plus de mal que la colère.

— Je vais fumer, dit le comte, qui alla à son kiosque.

Pendant le déjeuner, Michaud revint ; il n’avait pu rencontrer personne. Sibilet, mandé par le comte, vint aussi.

— Monsieur Sibilet, et vous, monsieur Michaud, faites savoir, avec