Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 18.djvu/492

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et modifiées par des bienfaits, par une philanthropie éclairée, comme fait le général Montcornet.

En effet, le général et sa femme essayaient de la bien(fai)sance. Ils l’avaient raisonnée, ils voulaient démontrer par des résultats à ceux qui les pillaient qu’ils gagneraient davantage en s’occupant à des travaux licites. Ils donnaient du chanvre à filer et payaient la façon ; la comtesse faisait ensuite fabriquer de la toile avec ce fil pour faire des torchons, des tabliers, des grosses serviettes pour la cuisine et des chemises pour les indigents. Le comte entreprenait des améliorations qui voulaient des ouvriers et n’employait que ceux des communes environnantes. Sibilet était chargé de ces détails, il indiquait les vrais nécessiteux, il les amenait quelquefois. La comtesse tenait ses assises de bienfaisance dans la grande antichambre qui donnait sur le perron, une belle salle dallée en marbre blanc et rouge, ornée d’un beau poële en faïence, garnie de longues banquettes couvertes en velours rouge. Ce fut là, qu’un matin avant la moisson, Sibilet amena Catherine Tonsard, qui avait à faire une confession (terrible) pour une pauvre fille. Elle se tenait dans une attitude de criminelle, elle raconta l’embarras dans lequel elle était à sa grand’mère ; sa mère la chasserait, son père, un homme d’honneur, la tuerait ; si elle avait seulement mille francs, elle serait épousée par un ouvrier nommé Godain, qui ferait comme son père, il achèterait un mauvais terrain, et s’y bâtirait une chaumière. C’était attendrissant. La comtesse promit de consacrer à ce mariage, la somme nécessaire à satisfaire quelque fantaisie. Le mariage heureux de Michaud, celui de (Groison) étaient faits pour l’encourager. Puis cette noce, ce mariage encourageraient les gens du pays à se bien conduire. Le mariage de Catherine Tonsard et de Godain fut arrangé. Une autre fois, une vieille horrible femme, la mère de Bonnébault, qui demeurait dans une masure, entre la porte de Couches et le village, rapportait une charge de fils.

— Madame la comtesse a fait des merveilles, disait Sibilet ; cette femme-là