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plus que du bois vivant, (qu’ils) s’occupaient à faire mourir pour l’hiver, par des procédés fort simples et qui ne pouvaient (être) découverts que longtemps après. Tonsard envoyait sa mère dans la forêt, le garde la voyait entrer, il savait par où elle devait sortir, et il la guettait pour voir le fagot ; il la trouvait chargée, en effet, de brindilles sèches, de branches tombées ; mais elle se plaignait d’avoir à courir bien loin pour obtenir un misérable fagot. Elle avait été dans les fourrés plus épais, elle avait dégagé la tige d’un jeune arbre et en avait enlevé l’écorce à l’endroit où (elle) sortait du tronc, tout autour en anneau, puis elle avait remis la mousse, les feuilles, tout en état, il était impossible de découvrir cette incision annulaire faite, non pas à la serpe, mais par une déchirure qui ressemblait à celle produite par ces animaux rongeurs et destructeurs nommés, selon les pays, des thons, des turcs, des vers blancs, etc., et qui sont le premier état du hanneton. Ce ver est friand des écorces d’arbres, il se loge entre l’écorce et l’aubier, et mange en tournant ; si l’arbre est assez gros pour qu’il ait passé à sa seconde métamorphose, à sa larve, où il reste endormi jusqu’au jour de sa résurrection, l’arbre est sauvé, car tant qu’il reste à la sève un endroit couvert d’écorce dans l’arbre, l’arbre croîtra. Pour savoir à quel point l’entomologie se lie à l’agriculture, à l’horticulture et à tous les produits de la terre, il suffit d’expliquer que les grands naturalistes, comme Latreille, le comte Dejean, Boisjelin de Paris, Genêt de Turin, etc., sont arrivés à trouver cent cinquante mille familles d’insectes visibles, que les coléoptères, dont la monographie est publiée par monsieur Dejean, y sont pour vingt-sept mille espèces, et que, malgré les plus ardentes recherches des entomologistes de tous les (pays), on ne connaît pas les triples transformations qui distinguent tout insecte, de cinq cents espèces ; qu’enfin, non seulement toute plante a son insecte particulier, mais tout produit terrestre quelque détourné qu’il soit par l’industrie humaine. Ainsi, le chanvre, le lin, après avoir servi à pendre, à couvrir les hommes et avoir roulé sur le dos d’une armée, devient papier à écrire, et ceux qui écrivent ou lisent beaucoup sont familiarisés avec les mœurs d’un insecte nommé le pou du papier, d’une allure et d’une tournure merveilleuses ; il subit ses transformations inconnues dans une rame de papier blanc