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— « Je ne mène pas là Votre Seigneurie, dit-il, car c’est le quartier des tantes

— « Hao ! fit lord Durham, et qu’est-ce ?

— « C’est le troisième sexe, milord. »

— On va terrer (guillotiner) Théodore ! dit La Pouraille, un gentil garçon ! quelle main ! quel toupet ! quelle perte pour la société !

— Oui, Théodore Calvi morfile (mange) sa dernière bouchée, dit Biffon. Ah ! ses largues doivent joliment chigner des yeux, car il était aimé, le petit gueux !

— Te voilà, mon vieux ? dit La Pouraille à Jacques Collin.

Et, de concert avec ses deux acolytes, avec lesquels il était bras dessus bras dessous, il barra le chemin au nouveau venu.

— Oh ! dab, tu t’es donc fait sanglier ? ajouta La Pouraille.

— On dit que tu as poissé nos philippes (filouté nos pièces d’or), reprit le Biffon d’un air menaçant.

— Tu vas nous abouler du carle ? (tu vas nous donner de l’argent) demanda Fil-de-Soie.

Ces trois interrogations partirent comme trois coups de pistolet.

— Ne plaisantez pas un pauvre prêtre mis ici par erreur, répondit machinalement Jacques Collin, qui reconnut aussitôt ses trois camarades.

— C’est bien le son du grelot, si ce n’est pas la frimousse (figure), dit La Pouraille en mettant sa main sur l’épaule de Jacques Collin.

Ce geste, l’aspect de ses trois camarades, tirèrent violemment le dab de sa prostration, et le rendirent au sentiment de la vie réelle ; car, pendant cette fatale nuit, il avait roulé dans les mondes spirituels et infinis des sentiments en y cherchant une voie nouvelle.

Ne fais pas de ragoût sur ton dab ! (n’éveille pas les soupçons sur ton maître) dit tout bas Jacques Collin d’une voix creuse et menaçante qui ressemblait assez au grognement sourd d’un lion. La raille (la police) est là, laisse-la couper dans le pont (donner dans le panneau). Je joue la mislocq (la comédie) pour un fanandel en fine pegrène (un camarade à toute extrémité).

Ceci fut dit avec l’onction d’un prêtre essayant de convertir des malheureux, et accompagné d’un regard par lequel Jacques Col-