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— Ah ! c’est pas pour dire, mais on l’a bien maltraité, lui !

— Bonjour, monsieur Rigou, dit la fileuse que Rigou salua.

Quand l’usurier traversa la Thune, guéable en tout temps, Tonsard, sorti de son cabaret, dit à Rigou sur la route cantonale : — Eh ! bien, père Rigou, le Tapissier veut donc que nous soyons ses chiens ?…

— Nous verrons ça ! répondit l’usurier en fouettant son cheval.

— Il saura bien nous défendre, dit Tonsard à un groupe de femmes et d’enfants attroupés autour de lui.

— Il pense à vous, comme un aubergiste pense aux goujons en nettoyant sa poêle à frire, répliqua Fourchon.

— Ote donc le battant à ta grelote quand tu es saoul !… dit Mouche en tirant son grand-père par sa blouse et le faisant tomber sur le talus au rez d’un peuplier. Si ce mâtin de moine entendait ça, tu ne lui vendrais plus tes paroles si cher…

En effet, si Rigou courait à Soulanges, il était emporté par l’importante nouvelle donnée par Sibilet qui lui parut menaçante pour la coalition secrète de la bourgeoisie avonnaise.


I. La première société de Soulanges

A six kilomètres environ de Blangy, pour parler légalement, et à une distance égale de La-Ville-aux-Fayes, s’élève en amphithéâtre sur un monticule, ramification de la longue côte parallèle à celle au bas de laquelle coule l’Avonne, la petite ville de Soulanges, surnommée la Jolie, peut-être à plus juste titre que Mantes.

Au bas de cette colline, la Thune s’étale sur un fond d’argile