Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 18.djvu/357

Cette page n’a pas encore été corrigée

Soulanges, famille alliée aux Gaubertin, elle passait pour avoir distingué le notaire Lupin dans sa jeunesse. Quoiqu’elle eût quarante-cinq ans et un fils élève ingénieur, Lupin n’allait jamais à la Préfecture sans lui présenter ses hommages et déjeûner ou dîner avec elle.

Le neveu de Guerbet, le maître-de-poste, dont le père était, comme on l’a vu, percepteur de Soulanges, occupait la place importante de juge d’instruction au Tribunal de La-Ville-aux-Fayes. Le troisième juge, fils de maître Corbinet, notaire, appartenait nécessairement corps et âme au tout-puissant maire. Enfin le jeune Vigor, fils du lieutenant de la gendarmerie était le juge suppléant.

Sibilet père, greffier du tribunal dès l’origine, avait marié sa sœur à monsieur Vigor, lieutenant de la gendarmerie de La-Ville-aux-Fayes. Ce bonhomme, père de six enfants, était le cousin du père de Gaubertin, par sa femme, une Gaubertin-Vallat.

Depuis dix-huit mois, les efforts réunis des deux députés, de monsieur de Soulanges, du président Gaubertin, avaient fait créer une place de commissaire de police à La-Ville-aux-Fayes, en faveur du second fils du greffier.

La fille aînée de Sibilet avait épousé monsieur Hervé, instituteur, dont l’établissement venait d’être transformé en collége, à raison de ce mariage, et depuis un an La-Ville-aux-Fayes jouissait d’un proviseur.

Le Sibilet, principal-clerc de maître Corbinet, attendait des Gaubertin, des Soudry, des Leclercq, les garanties nécessaires à l’acquisition de l’étude de son patron.

Le dernier fils du greffier était employé dans les Domaines, avec promesse de succéder au receveur de l’Enregistrement dès qu’il aurait atteint le temps du service voulu pour prendre sa retraite.

Enfin, la dernière fille de Sibilet, âgée de seize ans, était fiancée au capitaine Corbinet, frère du notaire, à qui l’on avait obtenu la place de directeur de la poste aux lettres.

La poste aux chevaux de La-Ville-aux-Fayes appartenait à monsieur Vigor l’aîné, beau-frère du banquier Leclercq, et il commandait la garde nationale.

Une vieille demoiselle Gaubertin-Vallat, sœur de la greffière, tenait le bureau de papier timbré.

Ainsi, de quelque côté qu’on se tournât dans La-Ville-aux-Fayes, on rencontrait un membre de cette coalition invisible, dont le