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la Vauthier pria le commissaire de police, en passant par la rue d’Enfer, d’envoyer au plus vite le docteur Berton.

— Qu’a donc mon grand-père ? demanda le pauvre Auguste.

— Il est fou ! monsieur !… Voilà ce que c’est que de voler !…

Auguste fit un mouvement pour se briser la tête ; mais les deux agents le continrent. — Allons, jeune homme, du calme ! dit le commissaire, du calme. Vous avez des torts, mais ils ne sont pas irréparables !…

— Mais, monsieur, dites donc à cette femme que vraisemblablement mon grand-père est à jeun depuis vingt-quatre heures !…

— Oh ! les pauvres gens !… s’écria tout bas le commissaire.

Il fit arrêter le fiacre qui marchait, dit un mot à l’oreille de son secrétaire, qui courut parler à la Vauthier et qui revint aussitôt.

Monsieur Berton jugea que la maladie de monsieur Bernard, car il le connaissait sous ce seul nom, était une fièvre chaude d’une grande intensité ; mais comme la veuve Vauthier lui raconta les événements qui motivaient cet état, à la façon dont racontent les portières, il jugea nécessaire d’informer le lendemain matin, à Saint-Jacques-du-Haut-Pas, monsieur Alain de cette aventure, et monsieur Alain fit parvenir par un commissionnaire un mot qu’il écrivit au crayon à monsieur Nicolas, rue Chanoinesse.

Godefroid, en arrivant, avait remis la veille au soir les notes de l’ouvrage à monsieur Nicolas, qui passa la plus grande partie de la nuit à lire le premier volume de l’ouvrage du baron Bourlac.

Le lendemain matin, madame de La Chanterie dit au néophyte qu’il allait, si sa résolution tenait toujours, se mettre immédiatement à l’ouvrage. Godefroid, initié par elle aux secrets financiers de la société, travailla sept ou huit heures par jour pendant plusieurs mois, sous l’inspection de Frédéric Mongenod, qui venait tous les dimanches examiner la besogne, et il reçut de lui des éloges sur ses travaux.

— Vous êtes, lui dit-il, quand tous les comptes furent à jour et clairement établis, une acquisition précieuse, pour les saints au milieu de qui vous vivez. Maintenant, deux ou trois heures par jour vous suffiront à maintenir cette comptabilité au courant, et vous pourrez, le surplus du temps, les aider, si vous avez encore la vocation que vous manifestiez il y a six mois…

On était alors au mois de juillet 1838. Pendant tout le temps qui s’était écoulé depuis l’aventure du boulevard Mont-Parnasse,