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— Monsieur le commissaire, reprit l’ancien procureur-général, soyez tranquille, je vais aller voir monsieur le procureur du roi ; mais vous pouvez attester l’erreur dans laquelle j’ai maintenu mon petit-fils et ma fille. Vous devez faire votre devoir ; mais, au nom de l’humanité, mettez mon petit-fils à la pistole… Je passerai à la prison… Où le menez-vous ?

— Êtes-vous le baron de Bourlac ? dit le commissaire de police.

— Oh ! monsieur.

— C’est que monsieur le procureur du roi, le juge d’instruction et moi, nous doutions que des gens comme vous et votre petit-fils pussent être coupables, et comme le docteur, nous avons cru que des fripons avaient pris vos noms.

Il prit le baron Bourlac à part et lui dit :

— Vous êtes allé ce matin chez le docteur Halpersohn ?…

— Oui, monsieur.

— Votre petit-fils s’y est présenté une demi-heure après vous ?

— Je n’en sais rien, monsieur, car je rentre, et n’ai pas vu mon petit-fils depuis hier.

— Les exploits qu’il nous a montrés et le dossier m’ont tout expliqué, reprit le commissaire de police, je connais la cause du crime. Monsieur, je devrais vous arrêter comme complice de votre petit-fils, car vos réponses confirment les faits allégués dans la plainte ; mais les actes qui vous ont été signifiés et que je vous rends, dit-il en tendant un volume de papier timbré qu’il tenait à la main, prouvent que vous êtes bien le baron Bourlac. Néanmoins, soyez prêt à comparaître devant monsieur Marest, le juge d’instruction commis à cette affaire. Je crois devoir me relâcher des rigueurs ordinaires devant votre ancienne qualité. Quant à votre petit-fils, je vais parler à monsieur le procureur du roi en rentrant, et nous aurons tous les égards possibles pour le petit-fils d’un ancien premier président, victime d’une erreur de jeunesse. Mais il y a plainte : le délinquant avoue, j’ai dressé procès-verbal, il y a mandat de dépôt ; je ne puis rien ? Quant à l’incarcération, nous mettrons votre petit-fils à la Conciergerie.

— Merci ! monsieur, dit le malheureux Bourlac.

Il tomba raide dans la neige, et roula dans une des cuvettes qui séparaient alors les arbres du boulevard.

Le commissaire de police appela du secours, et Népomucène accourut avec la mère Vauthier. On porta le vieillard chez lui, et