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de la porte une affiche faite à la main, et ainsi conçue : Plusieurs chambres à louer. Godefroid sonna, mais personne ne vint ; et comme il attendait, une personne qui passait lui fit observer que la maison avait une autre entrée sur le boulevard où il trouverait à qui parler.

Godefroid suivit ce conseil, et vit au fond d’un jardinet qui longeait le boulevard la façade de cette construction, quoique cachée par les arbres. Le jardinet, assez mal tenu, se trouvait en pente, car il existe entre le boulevard et la rue Notre-Dame-des-Champs une assez forte différence de hauteur qui faisait de ce petit jardin une espèce de fossé. Godefroid descendit alors dans une allée, au bout de laquelle il vit une vieille femme dont les vêtements délabrés étaient en parfaite harmonie avec la maison.

— N’est-ce pas vous qui avez sonné rue Notre-Dame ? demanda-t-elle.

— Oui, madame… Êtes-vous chargée de faire voir les logements ?

Sur la réponse de cette portière d’un âge douteux, Godefroid s’enquit si la maison était habitée par des gens tranquilles ; il se livrait à des occupations qui exigeaient le silence et le repos ; il était garçon, et voulait s’arranger avec la concierge pour qu’elle fît son ménage.

À cette insinuation, la portière prit un air gracieux et dit :

— Monsieur est bien tombé en venant ici ; car, excepté les jours de Chaumière, le boulevard est désert comme les marais Pontins…

— Vous connaissez les marais Pontins ? dit Godefroid.

— Non, monsieur ; mais j’ai là-haut un vieux monsieur dont la fille a pour état d’être à l’agonie, et qui dit cela, je le répète. Ce pauvre vieillard sera bien content de savoir que monsieur aime et veuille du repos ; car un locataire qui serait un général Tempête lui avancerait sa fille… Nous avons, au second, deux espèces d’écrivains ; mais ils rentrent, le jour, à minuit ; et la nuit, ils s’en vont à huit heures du matin. Ils se disent auteurs ; mais je ne sais pas où ni quand ils travaillent.

En parlant ainsi, la portière avait conduit Godefroid par un de ces affreux escaliers de briques et de bois, si mal mariés qu’on ne sait si c’est le bois qui veut quitter la brique ou les briques qui s’ennuient d’être prises dans le bois, et alors ces deux matériaux se fortifient l’un contre l’autre par des provisions de poussière en été, de boue en hiver. Les murs en plâtre fendillé offraient aux regards