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agents de la brigade de sûreté se présentèrent, reconnurent Jacques Collin, le prirent et le portèrent dans un fiacre.

— De quoi s’agit-il encore ?… demanda Jacques Collin, quand il eut repris connaissance et qu’il eut regardé dans le fiacre. Il se voyait entre deux agents de police, dont l’un était précisément Ruffard ; aussi lui jeta-t-il un regard qui sonda l’âme de l’assassin jusqu’au secret de la Gonore.

— Il y a que le procureur général vous a demandé, répondit Ruffard, qu’on est allé partout, et qu’on ne vous a trouvé que dans le cimetière, où vous avez failli piquer une tête dans la fosse de ce jeune homme.

Jacques Collin garda le silence.

— Est-ce Bibi-Lupin qui me fait chercher ? demanda-t-il à l’autre agent.

— Non, c’est monsieur Garnery qui nous a mis en réquisition.

— Il ne vous a rien dit ?

Les deux agents se regardèrent en se consultant par une mimique expressive.

— Voyons ! comment vous a-t-il donné l’ordre ?

— Il nous a, répondit Ruffard, ordonné de vous trouver sur-le-champ, en nous disant que vous étiez à l’église Saint-Germain-des-Prés ; que, si le convoi avait quitté l’église, vous seriez au cimetière.

— Le procureur général me demandait ?…

— Peut-être.

— C’est cela, répliqua Jacques Collin, il a besoin de moi !…

Et il retomba dans son silence, dont s’inquiétèrent beaucoup les deux agents. À deux heures et demie environ, Jacques Collin entra dans le cabinet de monsieur de Grandville et y vit un nouveau personnage, le prédécesseur de monsieur de Grandville, le comte Octave de Bauvan, l’un des présidents de la cour de cassation.

— Vous avez oublié le danger dans lequel se trouve madame de Sérisy, que vous m’avez promis de sauver.

— Demandez, monsieur le procureur général, dit Jacques Collin, en faisant signe aux deux agents d’entrer, dans quel état ces drôles m’ont trouvé ?

— Sans connaissance, monsieur le procureur général, au bord de la fosse du jeune homme qu’on enterrait.