Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les enfants de l’aristocratie ne naissent pas avec le sentiment de l’élégance, avec le goût qui sert à donner à la vie une poétique empreinte ; et cependant l’aristocratie de chaque pays s’y distingue par ses manières et par une remarquable entente de l’existence ! — Quel est donc ce privilège ? — L’éducation, l’habitude. Frappés dès le berceau de la grâce harmonieuse qui règne autour d’eux, élevés par des mères élégantes dont le langage et les mœurs gardent toutes les bonnes traditions, les enfants des grands seigneurs se familiarisent avec les rudiments de notre science, et il faut un naturel bien revêche pour résister à un constant aspect de choses véritablement belles. Aussi le spectacle le plus hideux pour un peuple est-il un grand tombé au-dessous d’un bourgeois. Si toutes les intelligences ne sont pas égales, il est rare que nos sens ne soient pas égaux : car l’intelligence résulte d’une perfection intérieure ; or, plus nous élargissons la forme, plus nous obtenons d’égalité : ainsi les jambes humaines se ressemblent bien mieux que les visages, grâce à la configuration de ces membres, qui offrent des lignes étendues. Or, l’élégance, n’étant que la perfection des objets sensibles, doit être accessible à tous par l’habitude. L’étude peut conduire un homme riche à porter des bottes