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ou de gagner un quaterne à l’une des loteries humaines, il faut encore avoir été doué de cette indéfinissable faculté (l’esprit de nos sens peut-être !) qui nous porte toujours à choisir les choses vraiment belles ou bonnes, les choses dont l’ensemble concorde avec notre physionomie, avec notre destinée. C’est un tact exquis dont le constant exercice peut seul faire découvrir soudain les rapports, prévoir les conséquences, deviner la place ou la portée des objets, des mots, des idées et des personnes ; car, pour nous résumer, le principe de la vie élégante est une haute pensée d’ordre et d’harmonie, destinée à donner de la poésie aux choses. De là cet aphorisme :


IX

Un homme devient riche ; il naît élégant.


Appuvé sur de telles bases, vu de cette hauteur, ce système d’existence n’est donc plus une plaisanterie éphémère, un mot vide dédaigné par les penseurs comme un journal lu. La vie élégante repose, au contraire, sur les déductions les plus sévères de la constitution sociale. N’est-elle pas l’habitude et les mœurs des gens supérieurs qui savent jouir de la fortune et obtenir du peuple le pardon de leur élévation, en faveur