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que l’auxiliaire des plus habiles. Aussi, en octobre 1830, il existe encore deux espèces d’hommes : les riches et les pauvres, les gens en voiture et les gens à pied, ceux qui ont payé le droit d’être oisifs et ceux qui tentent de l’acquérir. La société s’exprime en deux termes, mais la proposition reste la même. Les hommes doivent toujours les délices de la vie et le pouvoir au hasard qui, jadis, créait les nobles ; car le talent est un bonheur d’organisation, comme la fortune patrimoniale en est un de naissance.

L’oisif gouvernera donc toujours ses semblables : après avoir interrogé, fatigué les choses, il éprouve l’envie de jouer aux hommes. D’ailleurs, celui-là dont l’existence est assurée pouvant seul étudier, observer, comparer, le riche déploie l’esprit d’envahissement inhérent à l’âme humaine au profit de son intelligence : et alors le triple pouvoir du temps, de l’argent et du talent lui garantit le monopole de l’empire ; car l’homme armé de la pensée a remplacé le banneret bardé de fer. Le mal a perdu de sa force en s’étendant ; l’intelligence est devenue le pivot de notre civilisation : tel est tout le progrès acheté par le sang de nos pères.

L’aristocratie et la bourgeoisie vont mettre en commun, l’une ses traditions d’élégance, de bon goût et de haute politique, l’autre ses