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INTRODUCTION

Je disais tout à l’heure : un détail n’est jamais puéril quand il est signe. Le détail luxueux n’était pas pour Balzac seulement un signe ; son essai de dandysme fut un moyen de conquête — calcul, réflexion et volonté, — mais qu’il serait froid de le prendre seulement ainsi !

Si l’élégance n’était pas dans son corps un peu grossier, sa jovialité fruste, son âme fantaisiste, démesurée, l’instinct du luxe était dans son tempérament sensuel, dans son imagination passionnée des grandeurs matérielles : l’instinct du luxe, le sens de la beauté industrielle, des recherches accueillantes du confort, de ses complications ingénieuses qui amusent les besoins humains autant qu’ils les servent.

Comme tout artiste, c’est dans son œuvre que Balzac devait réaliser son aspiration personnelle. Quel plaisir il a pris à vivre à travers ces fils de son imagination : Rastignac, de Marsay à qui il octroyait tout ce qui lui manquait à lui même de beauté et de distinction, qu’il dirigeait dans le monde, comme son Vautrin Lucien de Rubempré !

Chose digne de remarque, le mondain n’est pas apparu à Balzac un sot puéril, mais celui qui se sert des puérilités d’autrui.