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DE LA DÉMARCHE

d’un ordre vulgaire. L’inertie des facultés physiques entraîne, relativement au cerveau, les conséquences du sommeil trop prolongé. Vous allez même m’accuser de dire des lieux communs. Tout organe périt soit par l’abus, soit par défaut d’emploi. Chacun sait cela.

Si l’intelligence, expression si vive de l’âme que bien des gens la confondent avec l’âme, si le vis humana ne peut pas être à la fois dans la tête, dans les poumons, dans le cœur, dans le ventre, dans les jambes ;

Si la prédominance du mouvement dans une portion quelconque de notre machine exclut le mouvement des autres ;

Si la pensée, ce je ne sais quoi humain, si fluide, si expansible, si contractile, dont Gall a numéroté les réservoirs, dont Lavater a savamment accusé les affluents, continuant ainsi Van Helmont, Boërhaave, Bordeu et Paracelse, qui, avant eux, avaient dit : Il y a trois circulations en l’homme (tres in homine fluxus) : les humeurs, le sang et la substance nerveuse, que Cardan nommait notre sève ; si donc la pensée affectionne un tuyau de notre machine au détriment des autres, et y afflue si visiblement, qu’en suivant le cours de la vie vulgaire vous la trouvez dans les jambes chez l’enfant ; puis, pendant l’adolescence, vous la voyez s’élever et gagner le