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DE LA DÉMARCHE

de ceux qui méditent ne saurait être contesté.

Cela dit, écoutez une autre thèse.

J’ouvre les livres où sont consignés les grands travaux anatomiques, les preuves de la patience médicale, les titres de gloire de l’école de Paris. Je commence par les rois.

Il est prouvé, par les différentes autopsies des personnes royales, que l’habitude de la représentation vicie le corps des princes ; leur bassin se féminise. De là le dandinement connu des Bourbons ; de là, disent les observateurs, l’abâtardissement des races. Le défaut de mouvement, ou la viciation du mouvement, entraîne des lésions qui procèdent par irradiation. Or, de même que toute paralysie vient du cerveau, toute atrophie de mouvement y aboutit peut-être. Les grands rois ont tous essentiellement été hommes de mouvement. Jules César, Charlemagne, saint Louis, Henri IV, Napoléon, en sont des preuves éclatantes.

Les magistrats, obligés de passer leur vie à siéger, se reconnaissent à je ne sais quoi de gêné, à un mouvement d’épaules, à des diagnostics dont je vous fais grâce, parce qu’ils n’ont rien de pittoresque, et, partant, seraient ennuyeux ; si vous voulez savoir pourquoi, observez-les ! Le genre magistrat est, socialement parlant, celui où l’esprit devient le plus promptement