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Pour moi, dès lors, le mouvement comprit la Pensée, action la plus pure de l’être humain ; le Verbe, traduction de ses pensées ; puis la Démarche et le Geste, accomplissement plus ou moins passionné du Verbe. De cette effusion de vie plus ou moins abondante, et de la manière dont l’homme la dirige, procèdent les merveilles du toucher, auxquelles nous devons Paganini, Raphaël, Michel-Ange, Huerta le guitariste, Taglioni, Liszt, artistes qui tous transfusent leurs âmes par des mouvements dont ils ont seuls le secret. Des transformations de la pensée dans la voix, qui est le toucher par lequel l’âme agit le plus spontanément, découlent les miracles de l’éloquence et les célestes enchantements de la musique vocale. La parole n’est-elle pas en quelque sorte la démarche du cœur et du cerveau ?

Alors, la Démarche étant prise comme l’expression des mouvements corporels, et la Voix comme celle des mouvements intellectuels, il me parut impossible de faire mentir le mouvement. Sous ce rapport, la connaissance approfondie de la démarche devenait une science complète.

N’y avait-il pas des formules algébriques à trouver pour déterminer ce qu’une cantatrice dépense d’âme dans ses roulades, et ce que nous dissipons d’énergie dans nos mouvements ? Quelle