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et revins chez moi, féru par le principe lucide et vivifiant de ma Théorie de la démarche. J’allais admirant une science, incapable de dire quelle était cette science, nageant dans cette science, comme un homme en mer, qui voit la mer et n’en peut saisir qu’une goutte dans le creux de sa main.

Ma pétulante pensée jouissait de son premier âge.

Sans autre secours que celui de l’intuition, qui nous a valu plus de conquêtes que tous les sinus et les cosinus de la science, et sans m’inquiéter ni des preuves, ni du qu’en dira-t-on, je décidai que l’homme pouvait projeter en dehors de lui-même, par tous les actes dus à son mouvement, une quantité de force qui devait produire un effet quelconque dans sa sphère d’activité.

Que de jets lumineux dans cette simple formule !

L’homme aurait-il le pouvoir de diriger l’action de ce constant phénomène auquel il ne pense pas ? Pourrait-il économiser, amasser l’indivisible fluide dont il dispose à son insu, comme la seiche aspire et distille, par un appareil inconnu, le nuage d’encre au sein duquel elle disparaît ? Mesmer, que la France a traité d’empirique, a-t-il raison, a-t-il tort ?