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pour ma sœur n’était troublé par aucun autre, et nous portions à deux la vie en riant. J’avais mis trois ou quatre cents francs en pièces de cent sous dans le nécessaire où elle serrait son fil, ses aiguilles, et tous les petits ustensiles nécessaires à son métier de jeune fille essentiellement brodeuse, parfileuse, couseuse et festonneuse. N’en sachant rien, elle voulut prendre sa table à ouvrage, toujours si légère ; mais il lui fut impossible de la soulever du premier coup, et il lui fallut émettre une seconde dose de force et de vouloir pour enlever sa boîte. Ce n’est pas la compromettre que de dire combien elle mit de précipitation à l’ouvrir, tant elle était curieuse de voir ce qui l’alourdissait. Alors, je la priai de me garder cet argent. Ma conduite cachait un secret, je n’ai pas besoin d’ajouter que je fus obligé de le lui confier. Bien involontairement, je repris l’argent sans l’en prévenir ; et, deux heures après, en reprenant sa boîte, elle l’enleva presque au-dessus de ses cheveux, par un mouvement de naïveté qui nous fit tant rire, que ce bon rire servit précisément à graver cette observation physiologique dans ma mémoire.

En rapprochant ces deux faits si dissemblables, mais qui procédaient de la même cause, je fus plongé dans une perplexité pareille à celle du