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légèrement. Voyant cela, je me demandai pourquoi. Certes, un savant aurait répondu : « Parce qu’il allait perdre son centre de gravité. » Mais pourquoi l’homme partage-t-il avec les diligences le privilège de perdre son centre de gravité ? Un être doué d’intelligence n’est-il pas souverainement ridicule quand il est à terre, par quelque cause que ce soit ? Aussi le peuple, que la chute d’un cheval intéresse, rit-il toujours d’un homme qui tombe.

Cet homme était un simple ouvrier, un de ces joyeux faubouriens, espèce de Figaro sans mandoline et sans résille, un homme gai, même en sortant de diligence, moment où tout le monde grogne. Il crut reconnaître un de ses amis dans le groupe des flâneurs qui regardent toujours l’arrivée des diligences, et il s’avança pour lui appliquer une tape sur l’épaule, à la façon de ces gentilshommes campagnards ayant peu de manières, qui, pendant que vous rêvez à vos chères amours, vous frappent sur la cuisse en vous disant :

— Chassez-vous ?…

En cette conjoncture, par une de ces déterminations qui restent un secret entre l’homme et Dieu, cet ami du voyageur fit un ou deux pas. Mon faubourien tomba, la main en avant, jusqu’au mur, sur lequel il s’appuya ; mais, après