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en se souvenant d’une délicieuse roulade, en revoyant un petit pied de femme ou l’un de ces je ne sais quoi dont on s’occupe en dormant ou en s’éveillant, ils aperçoivent leur idée dans toute la grâce de ses frondaisons, de ses floraisons, l’idée malicieuse, luxuriante, luxueuse, belle comme femme magnifiquement belle, belle comme un cheval sans défaut !

Et alors le peintre donne un coup de pied à son édredon, s’il y a un édredon, et s’écrie :

— C’est fini ! je ferai mon tableau !

Le poète n’avait qu’une idée, et il se voit à la tête d’un ouvrage.

— Malheur au siècle !… dit-il en lançant une de ses bottes à travers la chambre.

Ceci est la théorie de la démarche de nos idées.

Sans m’engager à justifier l’ambition de ce programme pathologique, dont je renvoie le système aux Dubois, aux Maygrier du cerveau, je déclare que la Théorie de la démarche m’a prodigué toutes les délices de cette conception première, amour de la pensée ; puis tous les chagrins d’un enfant gâté dont l’éducation coûte cher et n’en perfectionne que les vices.

Quand un homme rencontre un trésor, sa seconde pensée est de se demander par quel hasard il l’a trouvé. Voici donc où j’ai rencontré