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nait à paraître sur la table, et offrit aux regards des convives une daube truffée, n’alliant pas des idées de propreté avec la porcelaine dorée de ce meuble nécessaire.

Aujourd’hui, nos mœurs ont tellement modifié le costume, qu’il n’y a plus de costume à proprement parler. Toutes les familles européennes ont adopté le drap, parce que les grands seigneurs, comme le peuple, ont compris instinctivement cette grande vérité : il vaut beaucoup mieux porter des draps fins, et avoir des chevaux, que de semer sur un habillement les pierreries du moyen âge et de la monarchie absolue. Alors, réduite à la toilette, l’élégance consiste en une extrême recherche dans les détails de l’habillement : c’est moins la simplicité du luxe qu’un luxe de simplicité. Il y a bien une autre élégance ; mais elle n’est que la vanité dans la toilette. Elle pousse certaines femmes à porter des étoffes bizarres pour se faire remarquer, à se servir d’agrafes en diamants pour attacher un nœud ; à mettre une boucle brillante dans la coque d’un ruban ; de même que certains martyrs de la mode, gens à cent louis de rente, habitant une mansarde et voulant se mettre dans le dernier genre, ont des pierres à leur chemise le matin, attachent leurs pantalons avec des boutons d’or, retiennent leurs fastueux lorgnons par des